Lettre de nouvelles septembre 2010
par
Rencontrer le Christ dans les derniers (Mt 25,31-46)
Les représentations très dramatiques de la Renaissance, ainsi que les tympans des grandes églises romanes, ont fortement marqué la conception que l’on a pu se faire du jugement dernier, avec un Christ-juge, tenant une balance pour peser les bonnes et les mauvaises actions des humains. Si ce texte prend à son compte l’idée traditionnelle de la rétribution des actions et de l’établissement d’un nouvel ordre plus juste, il indique également qu’il ne s’agit pas d’abord d’une question de mérite quantifiable. Les gens qui sont à droite et à gauche sont aussi surpris les uns que les autres par ce qui leur est annoncé et donné en partage. L’entrée dans la communion avec le Christ est d’abord la conséquence de la bénédiction reçue du Père, dont les bonnes actions sont le signe. Les gens à la droite du Christ donnent l’impression d’avoir agi presque spontanément face au pressant appel que constituait pour eux l’être humain dans le besoin. Déjà dans l’Ancien Testament on constate que Dieu récompense les bienfaits accordés au pauvre (Proverbes 19,17) ou qu’il s’identifie à son peuple (Zacharie 2,12). Mais ici, l’identification est plus universelle et plus totale : dans « les plus petits de ses frères et sœurs », c’est le Christ-juge lui-même qui est présent. Les traits du Christ se laissent désormais discerner sur le visage de chaque homme, femme ou enfant qui souffre. La souffrance humaine n’est pas moins réelle, ni moins lourde à porter pour chacun, mais elle se trouve transfigurée. Alléger les souffrances des autres et recevoir en héritage la vie éternelle, voilà la véritable destinée de l’homme. C’est le Royaume qui « vous a été préparé », dit le Christ à ceux qui se trouvent à sa droite. Les autres, emmurés dans une attitude de refus, sont entraînés vers ce qui ne leur a pas été destiné, où tout ce qu’ils ont cru amasser s’en va en fumée. C’est par l’attention à nos frères et nos sœurs qui souffrent que nous atteignons notre fin véritable, la vie éternelle qui nous a été préparée « depuis la fondation du monde ». Pasteur Christian Apel
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