Message du président de l’ERF au synode national d’Orléans 2011
par
Jalons pour une Eglise d’hospitalités
Frères et soeurs, voici le premier message que le nouveau président du conseil national que je suis est amené à donner au Synode national de l’Eglise réformée de France. En le préparant, j’avais en tête les mêmes questions que celles que je me posais lors de mes messages au Synode régional : quel est vraiment le statut de ce message ? Quel est son objectif réel ? Est-ce une prédication ? Un discours sur l’état de l’Union ? Une démonstration de virtuosité attendue ? Une réflexion à haute voix, au croisement de notre vocation d’Eglise et des questions de société ? Un peu de tout ça ? Autre chose encore ? Cette année en tous cas, il me semble que les circonstances conduisent vers une réponse qui va de soi. Car si c’est le premier message que je donne au Synode national, c’est aussi le dernier message donné par un président au Synode national de l’Eglise réformée de France dans sa formule classique. L’an prochain, à Belfort, le Synode sera conjoint, luthéro-réformé. Et en 2013, à Lyon, ce sera le premier synode de l’Eglise unie.
On vérifie ainsi que lorsqu’il se réunit à Orléans, notre Synode national le fait dans un contexte marquant pour le protestantisme. Mais, heureusement, un contexte de plus en plus apaisé ! En 1562, le troisième « Concile général des députés [des Eglises réformées] de ce Roiaume »1 se réunit peu après l’échec de l’Edit de Saint-Germain et le massacre de Wassy ; c’est le début des Guerres de religion. En 1906, le Synode se réunit un mois après le vote de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Dans ce nouveau contexte, il tente de donner une impulsion décisive à l’union, déjà, mais l’union… de la famille réformée en France ! En 2011, nous sommes à l’avant-veille de la création de l’Eglise protestante unie. De cette Eglise unie, nous ne parlerons que peu lors de la présente session, car nous y avons consacré une session extraordinaire en janvier, et nous y consacrerons nos rencontres de l’année 2012 : point trop n’en faut ! Vous savez que l’enterrement de vie de garçon ou de jeune fille, avant un mariage, est un rite qui a repris de la vigueur. Cette année, en quelque sorte, nous enterrons notre vie de Synode national ERF ! Et je ne me prive pas d’utiliser l’acronyme ERF car, c’est entendu, avec l’Eglise protestante unie de France, il faudra éviter !
Dans cette conjonction particulière, d’un premier et d’un dernier message en quelque sorte, je vous propose non pas de creuser, d’approfondir un sillon, une question, une thématique, mais de faire un tour d’horizon de notre Eglise réformée. C’est aussi une manière de profiter encore un peu, tant qu’il est encore temps, de la relative nouveauté du regard que je suis amené à poser sur notre Eglise. Nouveauté du regard, en raison du point de vue particulier qui est le mien depuis seulement un an. Nouveauté du regard aussi parce que j’assume ce ministère au sein du conseil national après quelques années au service de la Mission populaire évangélique, qui m’ont permis de prendre un certain recul par rapport à notre Eglise et qui favorisent par conséquent une attention un peu neuve aux questions qui se posent à elle.
Avec ce recul, donc, qu’en est-il aujourd’hui de l’Eglise réformée de France ? Quelle est sa situation ? Je résumerai mon propos en trois points, trois thèses :
Un renouvellement de notre Eglise est à l’oeuvre.
Notre Eglise ne va pas si mal. Plutôt mieux que ce que je pensais, je l’avoue ! Plutôt mieux que ce que nous pensons et disons trop souvent. Et elle évolue.
Mais des blocages freinent ce renouvellement.
Raison de plus pour être lucides sur certains blocages qui persistent, qui sont avant tout spirituels et qui nous tirent en arrière.
Ce renouvellement et ces blocages nous appellent à une marche en deux étapes.
Reconnaître ces blocages nous encourage à poursuivre notre chemin en deux étapes, deux échéances, dans un mouvement de dépossession et de réappropriation.
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